Dans le langage de l’architecture, certains mots résonnent comme des promesses de beauté, de confort et d’histoire. C’est le cas de notre mot du jour : la loggia.
À la croisée du balcon, de la galerie et de la pièce à vivre, elle incarne à la fois l’art de l’habiter et celui de contempler le paysage environnant, offrant une transition douce entre l’intérieur et l’extérieur.
Qu’est-ce qu’une Loggia ?
La loggia, bien plus qu’un balcon, est un espace couvert intégré à l’architecture du bâtiment, généralement en retrait de la façade. Elle est ouverte sur l’extérieur, mais protégée au-dessus et fermée sur au moins un côté.
Elle fait partie intégrante du logement. Elle est couverte et comporte au moins une façade fermée. Elle peut être vitrée comme une véranda, mais rarement jusqu’au sol : on préfèrera des fenêtres avec châssis plutôt que de grandes baies vitrées.
Contrairement au balcon qui surplombe et s’expose, la loggia s’abrite et s’intègre, offrant un lieu intermédiaire — mi-intérieur, mi-extérieur.
Une Signature Architecturale au Fil du Temps
Originaire de l’Italie de la Renaissance, la loggia était d’abord une galerie ouverte située en façade ou dans une cour, utilisée pour accueillir les visiteurs ou admirer les jardins.
En France, elle s’invite progressivement dans :
- les hôtels particuliers, où elle devient un espace de transition raffiné.
- les bâtiments modernistes, où elle remplace parfois le balcon pour un confort accru.
- les constructions contemporaines, où elle joue un rôle clé dans la relation entre intérieur et environnement.
Elle offre de l’ombre l’été, de la lumière l’hiver, et un rapport apaisé à l’extérieur, sans pour autant perdre l’intimité du foyer.
Un Voyage à Travers les Âges et les Styles
L’usage de la loggia dans l’architecture est ancien et varié. On en trouve des exemples magnifiques à travers l’Europe, particulièrement en Italie, où elle a connu un véritable âge d’or à la Renaissance. Imaginez les nobles florentins observant la vie de la cité depuis leurs loggias richement décorées ! Ces espaces n’étaient pas seulement esthétiques ; ils étaient des lieux de réception, de contemplation, voire d’exercice du pouvoir.
En France aussi, la loggia a trouvé sa place, se fondant dans différents styles architecturaux.
Quelques exemples concrets qui vous feront rêver :
Loggia dei Lanzi – Florence, Italie
Sans doute l’une des loggias les plus célèbres. Cette galerie ouverte sur la Piazza della Signoria, construite au XIVe siècle, abrite des sculptures monumentales. Elle incarne l’essence même de la loggia à l’italienne : lieu d’art, d’échange et de représentation.
Loggia du Château de Fontainebleau – France
Dans le Pavillon de la Porte Dorée, une loggia couverte permettait aux souverains d’observer les arrivées tout en restant à l’abri. Elle allie fonction royale et élégance discrète.
Le Château de Blois – Aile François Ier (XVIe siècle)
L’escalier monumental en façade s’ouvre sur une loggia à arcades qui permettait à la cour d’observer les arrivées ou les spectacles dans la cour intérieure. C’est un parfait exemple de l’adaptation du modèle italien à l’architecture de la Renaissance française.
Villas et immeubles Art Déco – Nice, Menton, Biarritz
Au début du XXe siècle, sur la Côte d’Azur, les loggias se multiplient dans les villas de la Belle Époque et de l’Art Déco.
Ces loggias, qu’elles soient royales, bourgeoises ou modernes, témoignent d’un art de vivre à la française, entre architecture et paysage, retrait et ouverture.
Elles sont le reflet d’un mode de vie, d’une relation au paysage, à la lumière et aux autres. Un art de vivre suspendu entre ciel et pierre.